Le ministre de la Santé, Christian Dubé, revendique une approche consensuelle avec le projet de loi 15 et ne souhaite pas imposer sa réforme de la santé, mais la présidente par intérim du Syndicat des professionnels en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Patricia Mailhot, a de la difficulté à le croire.
Monsieur Dubé a défendu son projet de loi au début du mois à l’hôpital de Victoriaville, lors d’un point de presse auquel les syndicats n’avaient pas été invités. Le ministre de la Santé a affirmé qu’il désire « imposer le moins de choses [aux travailleurs de la santé], mais de le faire par négociation ». Il importe de savoir que le projet de loi 15 soulève mécontentement et inquiétude dans le secteur de la santé, puisqu’il suppose une centralisation des services administratifs, ce qui implique une perte avec la réalité du terrain, selon les syndicats. « Il va y avoir seulement un employeur », a dit madame Mailhot, précisant que « les décisions vont être prises peut-être par des directeurs de Montréal pour une région qu’ils ne connaissent pas ».
Or, Patricia Mailhot soutient que si le ministre avait réellement voulu un dialogue lors de son passage dans la région, il n’aurait pas convié uniquement les élus municipaux et provinciaux ainsi que les présidents-directeurs généraux de la santé, mais aussi les syndicats. Elle prétend d’ailleurs qu’il n’y a pas de collaboration de la part de Québec, puisque le gouvernement veut imposer les fusions sans consulter les travailleurs de la santé.
Infrastructure :
Le ministre Dubé croit que l’embauche et la rétention du personnel de la santé passent entre autres par l’amélioration des infrastructures du réseau de la santé. « Les solutions pour notre personnel, elles ne sont pas justes avec la convention collective », a-t-il affirmé, expliquant que le gouvernement allait investir 400 millions pour améliorer les installations de l’hôpital de Victoriaville. « On le voit quand on investit massivement dans nos hôpitaux […] ça donne un meilleur environnement de travail et c’est plus facile de ramener du monde », a supposé le ministre.
Patricia Mailhot acquiesce en partie à cette explication, puisqu’elle considère que les conditions de travail sont primordiales pour motiver le personnel à rester dans le domaine.
Privatisation :
Monsieur Dubé prétend que la loi 15 va améliorer la gouvernance médicale. « [Il va y avoir] plus de médecins dans [les] urgences à des heures défavorables », a-t-il soutenu. Mais la présidente du syndicat ne croit pas « qu’avec le projet de loi 15, il va y avoir plus de médecins ». Elle a par contre frappé sur le clou de la privatisation du système de santé, un élément, qui lui, est bien présent dans le projet de loi. « Plus on laisse place au privé, plus […] que le réseau va devenir un réseau public à deux vitesses, soit du public, soit du privé », a déclaré Patricia Mailhot, précisant que cela n’est pas souhaitable.